Tours, 112-116 rue Blanqui
Ces maisons se situent dans la rue Blanqui qui prolongeait la Grand-Rue. Elle suivait le tracé de l’ancienne voie gallo-romaine de la porte d’Orléans vers Amboise [Jeanson, 1973, p.199]. Très fréquentée, cette rue fut favorable au développement d’hôtelleries et d’auberges [Livernet, 1978, p.787]. Les quatre maisons sises aux 110, 112, 114 et 116 rue Blanqui n’en formaient qu’une seule au XVIe siècle, comme en témoignent la réfection de la façade au XVIIIe siècle et la distribution intérieure [Bonnin, 1979, p. 29, 122].
La parcelle s’étend sur 11 m de profondeur et 14,75 m de large. La maison comprend trois pièces, un couloir latéral et deux escaliers hors-oeuvre et demi-hors-oeuvre. Au-dessus des caves, s’élève un rez-de-chaussée qui se trouve surmontée d’un étage carré et d’un étage de comble [Bonnin, 1979, p.122]. La façade sur rue est très remaniée et en partie couverte d’un crépi récent, mais elle conserve les vestiges d’un décor d’ordre ionique qui suit les canons du XVIe siècle : au milieu du premier étage, une corniche portée par un entablement repose sur des chapiteaux à oves et volutes qui couronnent des pilastres à fût cannelé [Pauwels, 1986, p.227-236].
Le dessin de Gatian de Clérambault souligne l’état de la façade sur cour en 1912 [Clérambault, 1912, pl.XXXI]. Elle possède un rez-de-chaussée en pierre surmonté d’un étage en pan de bois à droite (n°110-112) et d’une galerie à claire-voie en bois à gauche (n°114-116). Au centre, une tour d’escalier, également en pan de bois, dessert les étages et la galerie. Le système de distribution original permet un accès indépendant à chacune des pièces. Au rez-de-chaussée, chaque pièce possède son entrée sur la rue. Un couloir commun latéral commande l’escalier hors-oeuvre sur cour pour les maisons sises aux 114 et 116 et l’escalier demi-hors-oeuvre pour les maisons sises aux 110 et 112. Dans les étages, la galerie conduit aux pièces, qui ne sont ainsi ni commandées par une porte ni par un couloir. La préoccupation de rendre les pièces indépendantes semble démontrer que nous sommes en présence d’habitat sériel ou d’un « immeuble de rapport »¹ [Bonnin, 1979, p. 29, 31].
Notes de bas de page
¹ Ici le terme est anachronique pour le XVIe siècle, l’immeuble de rapport est un type architectural apparu en France à l’époque moderne mais devient la forme urbaine dominante en France au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe. Il est ainsi nommé car il est conçu pour rapporter à son propriétaire des loyers des locataires occupant dans l’immeuble des logements dont la répartition par étage est standardisée et dont les accès sont indépendants, ce qui découle une régularité observable de la façade [Bonneval, Robert, 2013, p. 23-24].
Bibliographie
Base POP, IA00071249.
Bonneval Loïc, Robert François, « Introduction », dans Bonneval Loïc, Robert François, L’immeuble de rapport : L’immobilier entre gestion et spéculation (Lyon 1860-1990), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013.
Bonnin Martine, Les maisons à Tours au XVème et au XVIème siècles, mémoire de maîtrise d’Histoire de l’Art sous la direction de Jean Guillaume, CESR-Université de Tours, [1979].
Clérambault Édouard Gatian de, Tours qui disparaît, Tours, Péricat, 1912.
Jeanson Denis, Sites et monuments du grand Tours, Tours, Astragale, 1973.
Livernet Sylvain, « Fiefs et paroisses à Tours au XVIIIème siècle », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 38, 1978, p. 787.
Pauwels Yves, « Philibert de L’Orme et l’ordre ionique », dans L’emploi des ordres dans l’architecture de la Renaissance, Actes du colloque tenu à Tours du 9 au 14 juin 1986, Paris, Picard, (Collection De Architectura), p. 227-236.